Al Oudhiya : Nous sommes à la veille d’une des plus grandes – si ce n’est la plus grandiose – célébrations de l’Islam : l’Aïd al Kabir, (la grande fête), appelé aussi maladroitement :
“fête du mouton” par certains profanes. Il constitue l’apogée du calendrier islamique, son jour le plus important. Il comporte plusieurs rites marquants impliquant des adorations émérites. Parmi celles-ci, la plus emblématique : le sacrifice, al Oudhiya en arabe. Comme toute manifestation issue de la législation islamique, il présente d’immenses sagesses. Round-up de ces dernières.
Avant-propos :
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Le sacrifice “al Oudhiya” : la signification
On nomme spécifiquement al Oudhiya, الأضحية en arabe, la bête égorgée lors du Aïd-al-Adha.
On la nomme ainsi en référence au moment, “ad Doha” (الضحى), à partir duquel on peut proposer l’offrande.
Cet instant correspond à la fin de la prière du Aïd, après le chourouk, c’est-à-dire après le lever du soleil, lorsque l’on commence à sentir la chaleur de ces rayons.
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Le sacrifice “al Oudhiya”, son jugement religieux
Contre toute attente, le sacrifice de l’Aïd-al-Adha est une Sounnah fortement recommandée.
Preuve en est le hadith de notre bien-aimé Prophète Muhammad ﷺ :
D’après Abou Hourayra : رضي الله عنه :
« Celui qui a les moyens (de sacrifier) et qui ne le fait pas, qu’il n’approche pas nos lieux de prière. » Rapporté par Ibn Maja n°3123 et authentifié par Cheikh Albani رَحِمَهُ الله.
Il n’en demeure pas moins que certains savants ont divergé sur son statut, allant jusqu’à lui attribuer un caractère obligatoire, à l’instar de l’imam Abu Hanifa ou Cheikh al-Islam Ibn Taymiyyah, qu’Allah leur fasse miséricorde.
Ceci en raison des nombreux textes dans le Coran et la Sunna démontrant l’importance que notre Seigneur accorde à ce culte, par lequel Son serviteur se rapproche de Lui.
Quelques-unes des nombreuses sagesses du sacrifice “al Oudhiya”
1.Perpétuer la tradition de notre auguste père Abraham عَلَيْهِ ٱلسَّلَامُ
Allah عزّ وجلّ a dit dans Son noble Livre (dans le sens rapproché) :
“102. Puis quand celui-ci fut en âge de l’accompagner, [Abraham] dit : “Ô mon fils, je me vois en songe en train de t’immoler. Vois donc ce que tu en penses “. (Ismaël) dit : “Ô mon cher père, fais ce qui t’es commandé : tu me trouveras, s’il plaît à Allah, du nombre des endurants.
103. Puis quand tous deux se furent soumis (à l’ordre d’Allah) et qu’il l’eut jeté sur le front,
104. voilà que Nous l’appelâmes “Ô Abraham!
105. Tu as confirmé la vision. C’est ainsi que Nous récompensons les bienfaisants”.
106. C’était là, certes, l’épreuve manifeste.
107. Et nous le rançonnâmes d’une immolation généreuse“, sourate Les rangés
Ce faisant, c’est une admirable manière pour les Musulmans de commémorer, avec fidélité, cet évènement historique, vécu par l’ancêtre des monothéistes et ami intime d’Allah, il y a de cela plusieurs milliers d’années.
L’immolation généreuse fut un énorme bélier, apparu miraculeusement, à immoler en lieu et place de l’enfant.
2. Une grâce pour les croyants
Il s’agit d’un jour de joie, de plaisir et de facilité pour l’ensemble de la communauté musulmane.
La preuve réside dans le hadith du Prophète ﷺ :
« Ce sont certes des jours de nourriture, de boisson et de rappel d’Allah », As Silsila As Sahiha 1713.
3. Se joindre aux pèlerins
Alors que les bienheureux qui accomplissent leurs rites du Hajj s’adonnent au sacrifice ; à cet effet, tous les fidèles du monde s’unissent à eux depuis leurs lointaines contrées en l’effectuant également.
4. La générosité intrinsèque de l’Islam
« Pour participer aux avantages qui leur ont été accordés et pour invoquer le nom d’Allah aux jours fixés, sur la bête de cheptel qu’Il leur a attribuée, « Mangez-en vous-mêmes et faites-en manger le besogneux misérable. », sourate le pèlerinage, verset 22. (traduction des sens)
Ce hadith prophétique abonde également en ce sens :
« Mangez, nourrissez et mettez de côté », d’après Salama ibn al Akwa’, rapporté par Boukhari n°5569.
Le Musulman est donc enjoint de partager la viande sacrifiée avec les nécessiteux, ce qui constitue une belle preuve de solidarité.
5. La miséricorde envers les animaux
Le Messager d’Allah ﷺ nous a ordonné la bienfaisance et interdit la maltraitance vis-à-vis des bêtes à travers sa parole :
« Allah a prescrit de s’appliquer en toutes choses. Lorsque vous tuez, faites-le de la meilleure façon. Lorsque vous égorgez, faites-le avec soin. Que l’on aiguise son couteau et épargne les souffrances de la bête. », rapporté par Muslim n°1955.
6. Montrer sa reconnaissance envers Allah عزّ وجلّ
Eu égard des grâces infinies dont nous comble littéralement Notre Seigneur, Lui rendre un culte exclusif est une manière de Le remercier.
« Il vous a accordé de tout ce que vous Lui avez demandé. Et si vous comptiez les bienfaits d’Allah, vous ne sauriez les dénombrer. L’homme est vraiment très injuste, très ingrat. », sourate Abraham, verset 14. (traduction des sens)
7. Atteindre la crainte révérencielle du Seigneur de l’Univers
« Voilà quiconque exalte les ordonnances d’Allah, s’inspire en effet de la piété des cœurs. », sourate le pèlerinage, verset 32. (traduction des sens)
« Ni leur chair ni leur sang n’atteindront Allah, mais ce qui L’atteint de votre part, c’est la piété. Ainsi, vous les a-t-Il assujettis afin que vous proclamiez la grandeur d’Allah, pour vous avoir guidés. Et annonce la bonne nouvelle aux bienfaisants », sourate le pèlerinage, verset 37. (traduction des sens)
Nous constatons que cet acte de dévotion méritoire renferme un contingent de sagesses et aboutit sur quantité de bienfaits précieux. L’Envoyé ﷺ a informé que celui qui égorge après la prière (du Aïd) aura suivi la Sunna des Musulmans (Boukhari n°5546). Ce qui en soi constitue un honneur considérable !
Concluons par deux versets éloquents du noble Qur’an :
« Alors, Accompli la prière (Salat) et sacrifie pour ton Seigneur. », sourate l’ustensile, verset 2 (traduction des sens)
« Dis : “Certes, ma prière, mes actes de dévotion (mon sacrifice), ma vie et ma mort appartiennent à Allah, Seigneur de l’Univers“. », sourate les bestiaux, verset 162. (traduction des sens)
Le Tout-Miséricordieux a associé al Oudhiya à la prière, second pilier de l’Islam, juste derrière les attestations de foi, ce qui en dit long sur son importance !